Dungeon Petz
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Dungeon Petz : Un tamagotchi « pas si bête »

Dungeon Petz

En 2009, Vlaada Chvatil faisait le buzz du salon en éditant chez Czech Games Edition Dungeon Lords, tout droit tiré du jeu vidéo Dungeon Keeper. Le jeu était parfaitement édité, avec une mention spéciale aux diablotins jumeaux plastiques du meeple en bois. Dungeon Lords  nous faisait une promesse simple : mettre le joueur à la tête d’un donjon et lui permettre, à l’inverse des Dungeon Crawl  classiques, de « casser » du héros. En fin de compte, alors qu’il s’annonçait simple et fun, il s’est avéré être un jeu de gestion assez lourd et pas si drôle que ça. Cette année, j’avais  un peu peur que Vladaa nous refasse le coup avec Dungeon Petz. En fin de compte il nous livre un vrai beau jeu mêlant enchères et pose de… diablotins avec un très bon équilibre de gestion et de fun !

A la lecture des règles on a beaucoup de mal à comprendre le déroulement du jeu. Les textes d’ambiance prennent tellement de place qu’ils noient les informations importantes. Certes, ils sont assez drôles (par exemple quant une créature devient trop vieille pour être vendue, elle est retirée du jeu : « Mais ne vous inquiéterez pas, elles vont dans une ferme à la campagne où elles vivront heureuses pour toujours« ) mais ils sont beaucoup trop nombreux, et on regrette vraiment de ne pas avoir une version synthétique à lire et surtout à reprendre lors des premières parties. Si vous en avez la possibilité, faites un début de partie « à blanc » pour vous familiariser avec les mécanismes qui sont, somme toute, assez simples.

Dungeon Petz Plateau

Un matériel d’assez bonne qualité et magnifiquement illustré 

Le jeu, produit au moins en partie en République Tchèque est de bonne qualité avec un matériel important : un grand plateau central, une piste de progression, des plateaux individuels, des diablotins, plein de cubes / disques en bois et en plastiques. Et bien sûr des créatures. Bref : on en a pour son argent. Les cartes sont un peu moyennes et on sent bien quelles ne résisteront pas longtemps aux manipulations importantes. Les créatures sont constituées de deux parties qui coulissent, ce qui leur permet d’évoluer, et en vieillissant d’avoir de plus en plus de besoins.

Dungeon Petz Baby Golem

Le bébé Golem se mettra en colère et voudra se divertir

Les « besoins » de vos créatures sont d’ailleurs le mécanisme central du jeu. Elles auront faim, et en fonction de leur nature (carnivores, omnivores ou herbivores) vous devrez leur donner de la viande ou des végétaux. Elles seront plus ou moins violentes et il faudra les mettre dans des cages adaptées ou faire intervenir vos diablotins pour les maîtriser. Ils feront caca (ben oui… ) et seront plus ou moins enclines à la maladie (une cage insalubre les rendra d’ailleurs encore plus sensibles aux maladies). Vos créatures seront également plus ou moins magiques. Là encore une cage adaptée vous permettra de remédier à cet inconvénient. Dans le cas contraire, vos animaux souffriront de modifications génétiques et certaines, trop touchées disparaitront dans l’éther. Dernier besoin, mais non des moindres, les créatures sont parfois joueuses (comme vous) et devront être diverties, soit par leur cage elle-même (grâce à un toboggan par exemple), soit, une fois de plus, par vos diablotins.

Dungeon Petz ConcoursLors de ce concours chaque carte de divertissement rapporte 2 points au concours, chaque caca -1 points et chaque mutation -2 points

Mais l’élevage des créatures n’est pas une fin en soit : le but avoué est d’obtenir la gloire et la fortune. Enfin, surtout la gloire puisque le joueur ayant le plus de points de prestige à la fin de la partie l’emporte. A partir de la seconde manche, et à chaque manche les joueurs pourront proposer leurs créatures à des concours.  A partir de la 3ème manche, on pourra également vendre ses créatures pour de l’or ET du prestige.  Dans les deux cas, on gagnera des points si sa ou ses créatures répondent bien aux critères demandés. Donc, plus une créature est âgée, plus elle a de besoin et plus elle rapportera de prestige. Mais plus une créature a de besoins, et plus il sera difficile d’y répondre. Elle va donc tomber malade, souffrir, muter … des afflictions qui la rendent beaucoup moins intéressante.

Dungeon Petz Plateau Individuel

Le plateau / paravent individuel est une excellente aide de jeu

Ca semble facile dit comme ça. Ca pourrait l’être, mais dans Dungeon Petz les possibilités d’action sont en nombre limité et tout le monde ne pourra pas tout faire (et c’est d’ailleurs un intérêt majeur du jeu) . Il faudra acheter des créatures, des cages adaptées, de la nourriture, soudoyer les juges du concours, acheter des artefacts, et même faire entrer en jeu des diablotins supplémentaires. Les choix sont cornéliens et les positions dans le tour se fait par grâce à un système d’enchères : au début de chaque manche les joueurs vont constituer des groupes de diablotins de tailles différentes, accompagnés ou non d’un peu d’or. On vérifiera ensuite l’ordre du tour : en commençant par le premier joueur et dans le sens horaire, le joueur ayant le plus gros groupe fera la première action, ce sera ensuite au joueur qui aura le deuxième plus gros groupe etc … Autre difficulté, même si on pourra connaître des tendances concernant les besoin des créatures que l’on prendra en charge, il sera toujours possible de devoir répondre à d’autres besoins que l’on n’aura pas envisagé : la moitié des cartes de besoins que l’on reçoit et auxquelles ont doit répondre sont d’un type « prévisibles ». Les autres peuvent varier :

Dungeon Petz Besoins

La couleur des cartes besoins ne donne qu’une indication sur les besoins réels des créature

Et alors ? Passé le déchiffrage des règles et une première partie un peu laborieuse, le déroulement est fluide et à part quelques points de règles à ne pas oublier le jeu n’est pas très compliqué. On peut bien sûr se prendre la tête à réfléchir sur les intentions de ses adversaires. On peut se torturer l’esprit pour savoir combien de groupes de combien de diablotins constituer , anticiper sur trois tours l’achat des créatures, leurs soins, leur présentation au concours et leur vente…. Mais cela rendrait le jeu long et difficile. Dungeon Petz est un vrai jeu de gestion, mais contrairement à son prédécesseur, Vlaada Chvatil a su trouver un excellent équilibre entre gestion et fun. D’abord, en y mettant beaucoup d’humour, ensuite en incluant du hasard dans les mécanismes de gestion (je dois répondre aux besoins  de mes créatures mais je ne les connais pas tous). Cette part d’inconnue est suffisamment importante pour annuler l’effet analysis paralysis qui aurait pu tuer le jeu.

Le résultat est très bon :Jouez à deux et le jeu sera plus tendu. La réflexion plus intense. Jouez à quatre, et le jeu sera beaucoup plus chaotique et moins prévisible. La configuration à trois joueurs me semble idéale. Quoi qu’il en soit, c’est une excellente surprise de ce salon, et un très bon Chvaatil !

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