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[FIJ Cannes 2014] Interview Arnaud Burgot directeur général Ulule

En différé de Cannes 2014, notre envoyé spécial Fendoel interviewe Arnaud Burgot, le directeur général d’Ulule, la plateforme de crow-funding française.

Arnaud Burgot, Ulule France.
Arnaud Burgot, Ulule France (d’où le bleu, blanc, rouge dans la photo 😉

En plus d’être directeur général de Ulule, Arnaud est également un joueur. Il nous parle de Cannes, des jeux en cours de financement sur la plateforme et revient sur le cas (unique) de Massilia. Ulule.fr

 

 

21 nombreux commentaires pour [FIJ Cannes 2014] Interview Arnaud Burgot directeur général Ulule

  1. Interview très intéressante, en particulier la position d’Ulule par rapport au problème connu sur Massilia.
    Je comprends qu’Ulule ne puisse pas garantir complètement les projets à la place des porteurs de projets. Mais le problème vient peut-être du contrat passé avec le porteur de projet justement qui devrait, pouvoir fournir une preuve du résultat, ou peut être que se sont les financiers (pledgers) qui devraient à la fin dire : oui j’ai bien reçu ma contre-partie ou non.
    Ainsi le contrat pourrait stipuler que dans le cas où le porteur de projet n’a pas rempli ses obligations, il contracte une dette auprès d’Ulule qui alors s’engage à rembourser les financiers (pledgers).

    Je ne sais pas si ce que je dis est clair, je peux expliciter au besoin ^^

    En tout cas, je peux comprendre qu’il soit trop tard pour le cas Massilia mais je ne peux pas comprendre qu’on essaie pas de mettre en place une politique plus sécuritaire pour les financiers (pledgers), sachant que pour moi la simple notation d’un porteur de projet c’est bidon parce que les nouveaux porteurs seront moins reconnu, qu’il y a pleins de dérivent connus avec les systèmes de notation, et que ça n’assure pas le financier d’obtenir ses contre-parties à la fin.

    1. Noob a rassemblé plus de 680 000€. Pour qu’Ulule puisse se porter garant comme tu le proposes, il leur faudrait une trésorerie immense, (surtout pour une société au capital de 157 000€).
      Je ne suis pas non plus très fan du concept de notation des porteurs de projets, ça serait encore plus compliqué de se lancer.

  2. Yo,
    Je fais parti des « blairs » qui se sont faits floué par cet éditeur peu scrupuleux.
    Ma position est la suivante : ce n’est effectivement pas la faute d’ulule si un mec part avec la caisse, mais, le côté « je m’en lave les mains et rassurez-vous il est grillé partout, et il a eu des pb perso, qu’on m’a dit » me gave sévère aussi.
    Je pense qu’il serait assez simple et peu coûteux au moins de chercher, expliquer et éventuellement mutualiser les recours possibles. Je pense que des procédures simples auprès d’un juge de proximité, genre injonction de faire ou ce type de choses doivent être possible…sauf que c’est aux financeurs de faire les recherches et surtout de payer un timbre fiscal de 35€…

    Et puis la moindre des choses de la part d’ulule, serait de poser un gros panneau « Warning » sur la page du projet et de le sortir de ses statistiques de réussites.

    1. Ca pose la question de l’aide juridique et de la médiation que peut apporter Ulule. J’espère que Arnaud nous éclairera sur ce point là. Par contre, pour le panneau warning, c’est l’essence même du financement participatif : tu donnes ça chance à quelqu’un . Je crois qu’on perd de vue que le crowdfunding c’est risqué. Et n’oublis pas non plus que Ulule est une entreprise qui pousse les projets : ce n’est pas leur intérêt de faire peur aux gens en agitant un chiffon rouge devant leurs yeux.

  3. Merci pour cette interview et votre podcast, toujours un bon moment.

    Toute cette histoire avec Massilia est en fait révélateur du souci principal d’Ulule : on paie en avance pour un objet qu’au final on n’est jamais sûr de recevoir. De mon point de vue, Alain Epron m’a volé 50 euros (+10 euros pour l’extension de Vanuatu). Mais je considère bien Ulule comme « complice ». Ce n’est pas forcément le bon terme, mais s’ils laissent pareille arnaque fleurir sur leur plateforme tout en se lavant les mains et en n’assumant aucune responsabilité, alors oui, pour moi c’est clairement de la complicité.

    Comme on dit en anglais, fool me one, shame on you, fool me twice, shame on me. Ulule et autre plateforme de financement participatif, c’est bel et bien fini pour moi. Puisqu’aucune plateforme n’est prête à assumer la responsabilité je ne vois pas pourquoi moi je donnerais mon argent en avance à des projets plus ou moins hypothétiques.

    En fait le crowdfunding est assez étrange quand on y pense. On a une peine incroyable à donner 1-2 euros à un SDF ou à un musicien de rue, et pourtant on est prêt à donner 30-100 euros pour acheter un jeu ou financer un projet dont on n’a aucune idée à part quelques photos ou vidéo (souvent moisies).

    Et je trouve très étrange (i.e. NAC) que les grands éditeurs passent de plus en plus souvent par ces plateformes pour financer leurs jeux. D’autant que c’est finalement le meilleur moyen de tuer les boutiques.

    D’ailleurs, je me demande combien de jeux sont présents sur Ulule qui n’ont pas été acceptés par un éditeur… Pour une bonne raison bien souvent.

    Bref, on ne m’y reprendra pas à deux fois.

    Ici une vidéo qui parle des arnaques sur Kickstarter : http://gusandco.net/2014/01/26/joueurs-attention-aux-arnaques-sur-kickstarter/

    1. Question de confiance, c’est bien ça qui est mis en avant. Cela dit, ça fait chier et pour toi, et pour Yannibus et pour tous ceux qui en sont de leur poche. Mon point de vu c’est un tu te lances dans un projet, tu plantes, tu rembourses. Ce n’est pas Ulule le problème, c’est le mec de Massilia qui doit du fric à des gens. Ce serait moi, sauf à mettre en péril ma famille je ferais tout pour rembourser (on parle de 8 000€ c’est beaucoup et peu à la fois et au final, ça se rembourse si besoin avec un emprunt à la banque).
      Personnellement et même si ça vous fera bondir, je pense que ce n’est pas à Ulule de rembourser : c’est ça qui ferait venir des petits malins, qui se feraient payer leurs vacances par Ulule. Mais bon …
      Tu poses de bonnes questions sur le Crowdfunding : je me demande combien de jeux sont présents sur Ulule qui n’ont pas été acceptés par un éditeur… Pour une bonne raison bien souvent., je trouve très étrange (i.e. NAC) que les grands éditeurs passent de plus en plus souvent par ces plateformes pour financer leurs jeux.
      Au final, j’aime croire que le financement participatif permet aussi l’existence de projets comme celui ci : http://fr.ulule.com/ludotheque-cambodge/

      1. Comme dit Stéphane, ya plus grave…si j’avais su j’aurai plutôt donné à la ludothèque au Cambodge ;o)
        Bien entendu, ce n’est pas à Ulule de rembourser.
        Mais juste une page (même bien cachée dans le site) qui donne les moyens de se retourner (et de mutualiser un éventuel recours).

  4. Pour ma part, je n’ai jamais rien baké pour des contreparties. Je n’ai mis que quelques euros ici et là dans le but de faire avancer un projet sans rien en attendre en retour.
    Ce qui ne signifie pas que c’est l’essence du crowfunding. En ce qui concerne cette histoire, il y a quelque chose d’obscur : ces 8000 euros sont ils dans la poche de l’éditeur ? Ou a-t-il payé un travail déjà effectué ? Comment les plateformes mettent-elles à disposition l’argent ? Ont-elles un rôle de vérification ? Est-ce qu’il y a des factures émises ? Pourquoi les plateformes ne seraient-elles pas les payeurs ? Cela demanderait bien plus de main d’œuvre mais elles pourraient en contrepartie réclamer un meilleur pourcentage. Ou tout simplement faire travailler l’argent qu’elles possèdent.

    Est-ce qu’une participation, pour un baker, est un don qu’il effectue en sachant qu’il n’aura aucun regard ou a-t-il des moyens de suivre réellement l’avancée du projet ?

  5. Le Financement participatif sert à financer des projets dont par définition la réussite n’est pas assurée.
    Par extension, Ulule comme les autres a incité les porteurs de projets à proposer des contreparties à cette prise de risque des internautes.
    Cette contrepartie s’est transformée en pseudo précommande pour de nombreux projets, en particulier dans le jeu de société.
    Mais il faut revenir à la base. Il n’y a AUCUNE certitude de succès. VOUS pledgez, VOUS prenez le risque.
    Est ce qu’ULULE doit garantir ce risque ? Non
    Est ce que ‘ULULE doit faciliter les recours face aux échecs ? OUI
    Ces réponses sont essentielles à la survie de ce modèle.

    Massilia a permis de rappeler la réalité du modèle et je suis navré pour les bakers mais peu surpris par la situation connaissant Alain Epron dont la communication et le mode de pensée était proche du Singe Bleu.

    1. +1 avec quasiment tout ce que tu dis.
      Perso, je ne connaissais pas la Com’ de Epron avant de pledger, mais peu importe.
      Mon point de vu est assez proche du tiens, pour répondre à Olivier sur mon post. Je ne demande pas à ce qu’Ulule prenne en charge les éventuels frais d’une procédure, mais au moins nous présenter les démarches possibles pour éviter que chacun se retrouve un peu tout seul.

  6. Moi, ça me ferait presque rire ces jérémiades ! Dans le monde de l’entreprise, on perds des milliers d’euros en prestations « bidons » réalisées (ou pas) par des stagiaires sans formation au sein de société peu scrupuleuses, en impayés divers et variés qui rivalisent de mauvaise foi et d’inventivité pour ne pas payer, pas répondre, ou en frais d’avocat pour des procès ridicules. Le tout sans aucun recours, aucune aide et avec la menace de perde sa boite, son emploi, ceux qu’on a créé… Le monde réel est autrement plus « violent » que quelques 60 euros perdus. Ceci dit, ceci n’excuse en rien le manque de communication des intervenants… mais que vous voulez-vous, il faut bien continuer à « vendre du rêve », n’est-ce pas ? Et le plus triste, c’est que nos chers députés, pour vous protéger, chers consommateurs particuliers, ont juste plafonné la somme des participations à ce type de financement.

  7. Personnellement, la responsabilité d’Ulule m’importe peu… Oui, il saurait bon, simplement, que les responsable d’Ulule envoie un mail pour dire qu’ils ont essayer de contacter M. Epron et que celui-ci ne leur réponds pas. Un simple mail! Histoire de dire qu’il prenait au moins en considération la demande des personnes qui -comme moi- se sont fait avoir.

    A propos de M. Epron, un simple message disant : « J’aide gros problème perso et je ne suis pas en mesure de vous rembourser », m’aurait suffit! Un simple phrase! Au lieu de ça… du mépris, le silence et je m’arrête là pour rester poli.

    Mon raisonnement est donc le suivant :on peut tous foiré à un moment ou un autre. Cependant, cela ne dédouane en rien le fait, d’une part de s’excuser et d’autre part de tenter de réparer ses erreurs.

    Massilia ne se fera jamais, OK, un simple message pour le dire aurait permis d’apaiser un minimum les consciences.

    Bref, que M. Epron grade mon argent, qu’il en fasse ce qu’il souhaite. En contre partie de mes 75 euros, je demande simplement qu’il fasse preuve d’un peu de courage et qu’il envoie un mail au moins pour dire que le jeu ne se fera pas.

    Très cordialement!

  8. Je précise d’abord que je ne fais pas partie des pledgers de Massilia.

    Stéphane, tu ne parles pas du monde réel mais plutôt du monde de l’entreprise et là évidemment c’est différent, le monde de l’entreprise n’est pas réel, il est abscons, enfin c’est mon avis 😀 Et c’est peut-être un peu hors sujet. Mais pour raccrocher les wagons et expliciter ma réaction : Ulule ne fait pas du « B to B », il s’adresse au grand public. Et c’est pour ça que je soutiens qu’il est nécessaire que la plate-forme en tant que professionnel assure un minimum de garanties. Ils font office d’intermédiaire et de vitrine. L’argent passe par Ulule, non ? Ils ne peuvent pas décliner toutes les responsabilités comme ils le font.
    Je ne détiens peut-être pas la solution avec mon idée de créance entre porteur de projet et plate-forme participative mais je crois qu’il y a quelque chose à faire pour que les pledgers soient rassurés sans pour autant défavoriser les projets de nouveaux porteurs de projet. Peut-être qu’Ulule doit effectivement favoriser les recours en justice pour les pledgers, je ne sais pas mais faire un truc quoi…

    Quand je lis le commentaire de Bdphilou, je trouve ça ahurissant que les pledgeurs n’aient reçu aucune information ni de M. Epron ni de Ulule…
    D’ailleurs cela met en exergue ma théorie sur le fait que les éditeurs de J2S pêchent actuellement en terme de communication dès qu’il y a un problème sur un jeu (il y en a sûrement qui s’en sortent mieux que d’autres mais là je ne vois pas…). Mais c’est un autre débat 😉

    1. Ce n’est pas « abscon », c’est très simple, c’est la jungle. 😉
      Personnellement, si j’aime le jeu de société, c’est que c’est une petite niche de gens biens, créatifs, intelligents et sincèrement passionnés par ce qu’ils font (globalement). C’est un milieu encore très préservé. Donc pour l’instant, je savoure, je découvre, j’explore, et ça me fait vraiment plaisir d’y participer à mon très petit niveau. Maintenant, dès qu’il s’agit d’argent, tout s’envenime très vite. Je voulais juste replacer cette « affaire » dans le contexte global dans lequel les gens comme moi évoluent et qui font sourire en comparaison.

      1. Oui, je suis d’accord avec toi. Le secteur du jeu de société paraît épargné de ce qu’on peut connaître professionnellement, encore qu’on ne sait pas forcément tout ce qui s’y passe…
        Mais ce débat dépasse le milieu du jeu à mon sens. L’exemple cité concerne le jeu de société mais ça pourrait arriver pour autre. C’est peut-être déjà arrivé d’ailleurs ?

        1. Le rapport au risque des gens est révélateur. Ils veulent le bénéfice et la sécurité. Genre, je joue les Business Angels mais avec la sécurité d’un PEL. 😉

          En vrai, c’est que la plupart des gens refusent le risque.

          Ce cas navrant rappelle à tous ce qu’est le risque, le vrai. On investit, on y croit et parfois ça rate. Oui, méchamment. Un financement participatif, c’est accepter de mettre une somme minimale dans un projet soutenu souvent par des petites structures voire des amateurs qui se lancent. Donc voilà ! Au final, je trouve même qu’il n’y a pas tant de projets qui se ratent.

  9. Une réflexion forte intéressante sur le mode de financement participatif qui résulte de la brillante interview de Fendoël.

  10. Bonjour à tous,

    J’ai mis du temps à répondre à tous ces commentaires et à des messages qui m’ont été envoyés sur Twitter (dont certains pas très sympathiques) suite à cette interview, mais j’avais pris quelque jour jeudi et vendredi dernier pour souffler un peu en cette période de boulot très intense et le début de la semaine a été intense.

    Je suis concerné par ce sujet pour 3 raisons: je suis le CEO d’Ulule, je suis un grand amateur de jeux de société (les vrais, genre Agricola, pas le Monopoly :), et j’ai moi-même soutenu le projet Massilia à hauteur de 50 €, que j’ai donc perdus comme vous tous.

    Je vais couvrir pas mal de sujets, notamment la philosophie, les objectifs et les contraintes qui nous ont amenées à définir le mode de fonctionnement d’Ulule. Je vais ensuite essayer d’expliquer pourquoi on ne peut pas fonctionner autrement sur certains points clés sans changer totalement le service qu’est Ulule. Je répondrai aussi à certains commentaires fait ici ou sur Twitter.

    Cela va être long, désolé pour ceux qui n’aiment pas les gros pavés, mais quand je m’y mets je suis loquace, et même si Massilia est notre seul cas de porteur de projet « aux abonnés absents » à ce jour, le sujet est trop important et complexe pour le traiter en deux paragraphes. En effet il ne faut pas se leurrer, tout le système Ulule repose sur la confiance, il n’y a pas de garantie, par conséquent c’est un système qui intrinsèquement comporte un risque.

    Ce risque est limité par ce que j’explique dans l’interview : c’est une démarche publique, qui fonctionne avant tout grâce au réseau direct du porteur de projet. Par conséquent toute personne qui ne respecte ses engagements détruit la confiance que son réseau de relations a en lui (ce que j’appelle un « suicide social »). Malgré cela, un jour ou l’autre, il y aura d’autres cas de projets non réalisés et contreparties non livrées. Le risque existe, il finira par se matérialiser à nouveau. Il est donc important que chacun comprenne bien le fonctionnement d’Ulule, et décide ensuite en son âme et conscience s’il souhaite ou non y soutenir des projets.

    >>> Comment Ulule fonctionne et pourquoi ce mode de fonctionnement est utile ?

    Ulule est une plateforme ouverte à tous les projets créatifs, innovants ou solidaire, sur laquelle il est gratuit de proposer un projet. Parmi les points clés :

    – Tous les porteurs de projet, quel que soit leur statut (personne physique ou morale), leur expérience, leur crédibilité, peuvent proposer un projet sur Ulule.
    – Ce n’est pas l’équipe d’Ulule qui décide si oui ou non ce projet doit être financé (nous ne sommes pas une banque ou un fond de subvention), ce sont les internautes, issus pour beaucoup du réseau direct du porteur de projet, qui décident de le financer s’ils le souhaitent.
    – Nous fournissons un service qui est une plateforme hyper fonctionnelle, et nous faisons de l’accompagnement du porteur de projet pour l’aider à bien utiliser cet outil.
    – En aucun cas nous ne faisons à la place du porteur de projet. Son projet il en reste totalement responsable et propriétaire.

    Ce mode de fonctionnement ouvert fait d’Ulule un outil de financement et de test grandeur nature grâce auquel tout le monde peut essayer de se lancer. Pro ou amateur, expert ou débutant, connu ou inconnu, pas de barrière à l’utilisation du service, tout le monde peut l’utiliser. C’est au porteur de projet de convaincre des personnes de le soutenir.

    C’est ce qui fait qu’Ulule plait et fonctionne : c’est un outil ouvert et sur lequel il ne coûte rien de tenter sa chance. Notre modèle de rémunération est clair et le même pour tous : c’est gratuit de proposer un projet ; notre accompagnement et notre coaching crowdfunding sont également gratuits ; la seule chose qu’on facture est une commission – uniquement dans le cas où le projet a atteint ou dépassé son objectif de financement, avec un tarif identique pour tous.

    Donc soit le financement est échoué et cela n’a rien coûté d’utilisé Ulule, soit l’objectif est atteint et cela coûte 8% au porteur de projet. Cette commission rémunère le travail de développement de la plateforme, les frais transactionnels que nous supportons et l’accompagnement des porteurs de projet que nous faisons.

    Ulule est donc un outil d’intermédiation. Nous permettons de présenter son projet, collecter des fonds, mais c’est le porteur de projet qui fait, et qui est donc responsable de ce qu’il fait. Nous ne garantissons pas qu’il fera ce qu’il a promis. Cela reste sa responsabilité.
    C’est le même mode de fonctionnement que toutes les market place web (leboncoin, priceminister, etc.) mais avec une philosophie différente que du simple « achat-vente », puisque la plupart des Ululeurs veulent avant tout aider un projet qui leur tient à cœur à voir le jour.

    Une fois qu’on a expliqué ce mode de fonctionnement de base, qui est la raison pour laquelle Ulule est utile, on peut se demander ce que cela nécessiterait comme changement si on voulait qu’Ulule garantisse les projets.

    >>> Comment pourrions-nous mettre en place une « garantie fournie par Ulule » ?

    Il faudrait que nous soyons à peu près sûr (le risque 0 n’existe jamais quoi qu’on fasse) que le porteur d’un projet le réalisera. Sans cela on se retrouverait à avoir des gens peu scrupuleux qui tenteraient de faire financer des choses sur Ulule en se disant que de toute façon on paiera pour eux s’ils ne réalisent pas le projet.

    Il faudrait donc qu’on fasse des diligences approfondies (façon financeurs classiques type banques ou business angel) pour vérifier plusieurs points – dont à minima :
    – Que le porteur de projet et son équipe ont de façon certaine les compétences pour mener à bien le projet
    – Que le plan de financement global du projet (le crowdfunding n’est souvent qu’une brique d’un plan de financement plus large) est viable et réellement bien étudié
    – Que le porteur de projet (personne physique ou morale) a une situation financière saine et ne risque pas de se retrouver incapable de payer les coûts liés à la réalisation du projet.

    Ce serait un process lourd, long et donc couteux. Pour couvrir ce coût il y aurait deux possibilités :
    – Soit nous ne prendrions le temps d’étudier que les très « beaux dossiers » (porteur de projet connu, gros projet, potentiel de commission élevé pour compenser le temps passé à l’analyse préalable)
    – Soit nous facturerions des frais d’étude de dossier, à tout porteur de projet qui veut qu’on analyse son projet de crowdfunding.

    Par conséquent tous les petits projets (la grande majorité sur Ulule puisque les projets collectent en moyenne 3500 €), qui ont très peu de ressources financières, ne pourraient plus utiliser Ulule quelle que soit la solution retenue. Dans le premier cas leur projet ne serait pas assez gros en termes de potentiel pour qu’on prenne le temps de l’analyser de A à Z. Dans le deuxième cas le coût fixe payable dès la proposition de projet serait trop cher pour qu’ils aient envie de tenter l’aventure et d’essayer de se lancer.

    Le pire dans tout cela, c’est que malgré ces vérification, une telle garantie fournie par Ulule ne pourrait pas fonctionner réellement…

    Pourquoi ? Parce qu’il serait hyper facile de détourner le système. Exemple : je fais un projet de court métrage. Je dis à mes amis de tous donner 100 €. Je récolte 3000 € qu’Ulule me transfert. 6 mois après je dis à tous mes amis de contacter Ulule pour se plaindre que je n’ai pas livré les contreparties. Ulule les rembourse au titre de la garantie. Mes amis et moi sommes contents, j’ai gagné 3000 €, je leur reverse à chacun une commission pour les remercier.

    Pour éviter cela il faudrait donc qu’on demande au porteur de projet une garantie supplémentaire. C’est ce qui se passe sur les modes de financement classiques. Exemple : lui demander de « gager » sa maison ou sa voiture dans le cas où il ne remplit pas ses obligations et que nous soyons contraints de rembourser les contributeurs.

    C’est ce que font les banques quand vous êtes entrepreneurs et que vous empruntez. Pour être sûr de ne pas tout perdre si vous vous retrouvez en faillite, ils vous demandent de mettre votre maison en garantie. C’est aussi ce qu’on vous demande de faire lorsque vous empruntez un bien immobilier. Si vous ne remboursez pas, et bien le créancier a une garantie liée au bien immobilier acheté.

    En synthèse, avec de telles modifications, Ulule serait un outil :
    – beaucoup moins ouvert (seuls les gros projets pourraient utiliser Ulule)
    – beaucoup plus lent (temps d’étude approfondie du dossier, temps de mise en place de contre-garanties à la garantie Ulule)
    – beaucoup plus cher (coût d’étude du dossier, coût de mise en place de pleins de paperasse spécifique au cas par cas)

    Au final un outil beaucoup moins utile, voir inutile, qui ne serait plus un service agile, rapide, différent, qui permet réellement à des projets de toute taille, notamment des petits projets, d’être financés et d’exister.

    >>> Ulule pourrait-il créer un fond d’assurance optionnel pour couvrir le risque de non livraison de contreparties ?

    J’ai parlé dans mon interview de réflexions sur un fond d’assurance Ulule. J’avais déjà discuté de cela avec un assureur il y a quelques mois. J’ai repensé à tout ça après la discussion avec @fendoel, puis suite aux réactions sur Twitter j’ai recreusé le sujet.

    Le principe serait le suivant : lorsque je soutiens un projet, je peux cocher une case pour choisir de bénéficier d’une assurance « non livraison de contreparties », et cela me coûte quelques euros de plus, qui sont bloqués sur un fond de garantie spécifique ouvert par Ulule auprès d’une compagnie d’assurance.

    C’est beau en théorie, mais après quelques analyses c’est en réalité impossible à mettre en place de façon réellement utile.

    La raison est simple : les assurances servent à couvrir des « aléas » (incendie, vol, etc.) qui n’ont pas de nature volontaire ou prévisible. On pourrait donc assurer les contributeurs contre un vol du stock de contreparties du porteur de projet (mais il a généralement déjà une assurance pour ça), ou peut-être contre son dépôt de bilan, lorsque c’est une entreprise qui est derrière. Mais tout cela concernerait une petite quantité d’événements qui seraient couverts, et qui ne constituent pas le risque principal lié au crowdfunding.

    Car ce risque principal, c’est tout simplement l’incompétence du porteur de projet pour mener à bien le projet qu’il pensait pourvoir faire. Soit parce qu’il n’a pas l’expérience nécessaire ou l’ensemble des compétences requises, soit parce qu’il a mal calculé son budget et dépense au fil de l’eau l’argent sans réussir à terminer la tâche. Ce risque n’a pas la nature d’un aléa. Il peut relever de la mauvaise foi du commettant. Il n’est donc pas assurable puisqu’il n’est pas totalement indépendant de la volonté du responsable. Personne ne peut savoir avec certitude si l’incompétence est réelle, ou s’il s’agit de mauvaise foi.

    Pour l’expliquer plus simplement, si nous mettions en place une assurance qui couvre la non-délivrance de contreparties, quelle que soit la raison sous-jacente, alors on s’exposerait encore une fois à des arnaques faciles : je crée un projet, mes amis mettent tous 50 €, je récolte 3000 €, puis tous demandent le remboursement car je ne leur livre rien. Pas de notion d’aléa devant avoir eu lieu pour que l’assurance fonctionne ? Magique, ça marche à tous les coups ! C’est le tiroir-caisse à arnaque.

    Donc toute assurance que nous pourrions mettre en place serait très limitative dans les cas où elle fonctionne (véritable accident imprévisible dans le parcours du porteur de projet, comme sa maladie par exemple), et par conséquent assez peu utile au final pour les financeurs qui seraient légitimement déçus de cette solution (vous prenez des assurances sur les billets de train SNCF quand vous voyagez ? Je suppose que non pour la plupart d’entre vous, car les cas où l’assurance fonctionne sont beaucoup trop limités).

    >>> Pourquoi nous ne pouvons pas rembourser les contributeurs du projet Massilia ?

    Là-dessus, on m’a dit sur Twitter : « puisque c’est le seul cas, vous pourriez être classe et nous rembourser ». On aimerait bien, mais on ne peut pas. Pourquoi ? Parce que comme je l’ai dit dès le début de ce texte, un cas tel que Massilia est un cas très rare, mais il y en aura d’autres. Le risque zéro n’existe pas, donc cela arrivera à nouveau. Par conséquent, si nous remboursons aujourd’hui les contributeurs de Massilia, cela aura trois effets :

    – 1. Sur le prochain cas similaire, les utilisateurs nous dirons : « vous avez remboursé à la place du porteur de projet sur Massilia, pourquoi pour eux et pas pour nous ?! » Ils auront bien raison. Nous ne saurons pas quoi leur répondre – imaginez : « ah oui désolé, c’était juste pour le premier cas de défaillance, pour les autres c’est trop tard, pas de chance, on ne le fait plus… »

    – 2. Les porteurs de projet se diraient : « chouette, si je ne livre pas, de toute façon Ulule remboursera. Bah oui regarde, ils l’ont fait pour Massilia ». On ne veut pas et on ne peut pas se permettre cela. Ulule repose intégralement sur la confiance. Les porteurs de projet sont la clé de cette confiance. Ils doivent rester propriétaires ET responsables de leurs actes sur la plateforme.

    – 3. Plus techniquement, cela créerait un précédent qui juridiquement pourrait se retourner contre nous si un jour des contributeurs cherchaient devant un tribunal à mettre en œuvre la responsabilité d’Ulule, pour que ce soit nous qui remboursions à la place d’un porteur de projet défaillant et non solvable. Dans nos conditions d’utilisation, nous expliquons clairement que nous ne garantissons pas les projets, que nous sommes une plateforme de mise en relation, un « hébergeur » de projet en recherche de financement. Si nous remboursons pour Massilia, cela contredit cette position. Au prochain cas similaire, un juge qui serait interrogé sur le sujet conclurait probablement qu’en ayant remboursé « à la place de » pour Massilia, nous avons démontré par nos actes une solidarité en cas de défaillance du porteur de projet, et qu’en conséquence nous avons créé dans l’esprit du public une garantie Ulule même si elle n’est pas prévue dans nos conditions d’utilisation. Bref, on serait condamné à payer à tous les coups à la place du porteur de projet.

    >>> Pourquoi Ulule ne peut pas porter plainte directement contre le porteur du projet Massilia ?

    Encore une fois ce n’est pas forcément évident à comprendre car c’est du droit, mais techniquement nous ne sommes pas partie au contrat conclu entre un financeur et un porteur de projet. L’un donne de l’argent, l’autre enverra une contrepartie. Ulule est juste un moyen, mais pas une partie à ce contrat. Par conséquent la personne qui peut porter plainte est celle qui a subi directement le préjudice. Donc ce sont les contributeurs qui ont donné de l’argent et qui n’ont rien reçu en échange.

    Ce qu’on peut faire en plus une fois une action en justice déclenchée, c’est nous porter « partie civile », c’est-à-dire demander des dommages et intérêt au porteur du projet Massilia en considérant que par ses actes délictueux pour lesquels il est attaqué par le contributeur, il nous a causé par exemple un préjudice d’image (ce qui est vrai), et donc lui demander de nous donner de l’argent pour réparer ce préjudice. Toutefois je ne suis pas certain que cela fasse réellement avancer le schmilblick et qu’on en sorte grandis.

    >>> L’argent passe par Ulule, non ?

    Non, les fonds ne transitent jamais par notre compte bancaire ou un compte à notre nom. Le système transactionnel que nous avons mis en place regroupe tous les paiements sur des comptes de monnaie électroniques dédiés, projet par projet, et au nom du porteur de projet correspondant. Tout ce qu’on fait au terme de la collecte, c’est soit de lancer un virement vers le compte bancaire « physique » du porteur de projet une fois la collecte terminée, soit ordonner un remboursement des financeurs en cas d’échec de la collecte.

    C’est d’ailleurs la seule façon légale d’opérer un tel service lorsqu’une plateforme ne dispose pas d’un agrément de type bancaire, et nous sommes les seuls en France parmi les grosses plateformes de crowdfunding « reward-based » à avoir mis en place à ce jour un tel système, réellement légal et sécurisant pour toutes les parties (c’est de la « collecte pour le compte d’autrui », donc soit agrément de type établissement de paiement, soit illégal de le faire en direct, cf. http://www.acp.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/acp/Communication/Communiques%20de%20presse/20130514-guide-professionnel-crowdfunding.pdf)

    >>> Et la commission que vous avez touchée pour le projet Massilia, vous pourriez me la rembourser ?

    Nous y avions pensé il y a pas mal de temps, mais nous ne l’avons pas proposé, pour la raison suivante : la contribution moyenne sur Massilia est de 56 € par personne. Donc notre commission TTC par personne revient à 4,50 €. Nous avions donc pensé que proposer aux contributeurs du projet de leur rembourser à chacun en moyenne 4,50 € serait perçu comme une très mauvaise plaisanterie.

    Ceci dit je crois que nous nous sommes trompés puisque certains d’entre vous ont exprimé ce souhait. Je propose donc à tous ceux qui souhaitent qu’on leur rembourse notre commission de se connecter sur Ulule sous leur profil avec lequel ils ont contribué sur Massilia, et de m’envoyer par la messagerie interne du site un message disant qu’ils souhaitent être remboursés du montant correspondant à notre commission, en m’indiquant les coordonnées de leur compte bancaire (BIC et IBAN) pour que nous puissions faire un virement.

    >>> Pourquoi vous n’avez pas envoyé un message à tous les contributeurs pour les tenir informés ?

    Là-dessus, je fais un nuestra culpa, et même un mea culpa car c’est moi au sein de l’équipe qui suit toute cette histoire. J’ai répondu aux personnes qui nous ont contactés soit sur notre support, soit par la messagerie Ulule, soit sur notre forum, mais c’est vrai que j’aurai dû envoyer à tous les contributeurs de Massilia un message.

    Je ne l’ai pas fait, peut-être parce que je ne savais pas quoi dire.

    Le message aurait peut-être été : « nous avons essayé à de nombreuses reprises de joindre M. Eperon, toutes ces tentatives, sous toutes leurs formes, ont été infructueuses, nous sommes désolés de cette situation mais nous sommes dans l’incapacité de vous donner plus d’information, nous ne savons pas si le projet aboutira un jour. »

    C’est un peu nul comme message, mais je comprends que la plupart d’entre vous auraient aimé le recevoir juste pour savoir que nous avons essayé. Le voilà aujourd’hui en beaucoup plus long, qui parle de ce cas mais aussi d’autres choses. Il n’est pas idéal ce message, mais nous n’avons pas de solution miracle pour qu’un cas tel que Massilia n’arrive plus jamais.

    >>>

    Je vais arrêter là ce très très long post. Il y aurait sans doute encore beaucoup à écrire sur ce sujet. Ulule n’est pas un outil parfait. Aucun système n’est parfait. Je suis bien sûr désolé que cela soit arrivé, c’est la pire chose qui puisse se passer à nos yeux, puisque cela brise la confiance de certains dans le financement participatif qui repose à 100% sur la confiance.

    Nous réfléchissons à pleins de choses pour améliorer Ulule (ajout d’une section « risques » obligatoire dans la description du projet, système de rating porteur de projet par les financeurs, etc.). Nous aurons l’occasion d’en parler dans les mois qui viennent au fur et à mesure de l’avancée des nombreux chantiers en cours d’amélioration de la plateforme, mais aucune de ces solutions n’est idéale et surtout aucune ne fera totalement disparaître le risque.

    Quoi qu’il en soit, personnellement je préfère regarder les 3999 projets financés et qui aboutissent, plutôt que le 0,02% que représente le projet Massilia qui ne donne plus de nouvelles. J’espère que vous serez aussi de cet avis et que vous comprenez mieux maintenant comment et pourquoi Ulule fonctionne ainsi.

    Très cordialement,

    Arnaud

    1. Tout d’abord, merci d’avoir pris le temps de formuler une réponse aussi détaillée.
      On comprend bien mieux certaines choses.
      J’insiste quand même toujours sur un point. Ok vous ne pouvez pas vous retourner contre M Éperon parce que vous ne faites pas partie du contrat qui lie le porteur de projet et les financeurs, ça je comprends bien, mais qu’est-ce qui vous empêche de modifier le contrat pour les projets à venir afin de faire partie intégrante du contrat pour pouvoir le faire à l’avenir ? Cela ne voudrait pas dire que Ulule rembourserait les financeurs en avance, mais bien une fois le procès éventuellement gagné donc pas de risques d’arnaques par copinage.
      Sinon, quid de l’idée de favoriser le recours en justice mutualisé ?

      Je soutiens qu’il doit exister une solution dans tout ça qui puisse faire de ce système, déjà très utile, un système encore meilleur et plus sécuritaire. Mais c’est peut être mon côté naïf 😉

      Et enfin, je comprends que commercialement ce soit difficile à assumer mais il serait peut être bon de faire apparaître les risques cités ici, un peu mieux sur le site.

      Et, encore une fois, je ne fais pas partie des « victimes » de M Epron, donc je ne sais pas, mais est-ce qu’un message de ce type a ou va finalement être envoyé aux financeurs du dit-projet ? Ce serait une bonne chose, je pense 🙂

      Encore merci d’avoir pris le temps de formuler ces réponses 🙂

  11. Merci pour ce très long et riche commentaire Arnaud. Du coup comme vous le dites très bien vous-même et vous confirmez mon opinion après l’affaire KnD: « Il y aurait sans doute encore beaucoup à écrire sur ce sujet. Ulule n’est pas un outil parfait. Aucun système n’est parfait ».

    Si si, le système parfait pour moi réside dans le fait de bouger mes petites fesses (de cycliste) au magasin et d’acheter un VRAI jeu sorti dans une VRAIE boîte et PAS un projet qui pourrait ne jamais voir le jour, la preuve avec KnD et Massilia. Pour moi l’affaire est close, je n’en voudrais qu’à moi-même de soutenir d’autres projets crowdfundé: « fool me once, shame on you, fool me twice, shame on me », comme on dit.

    Le crowdfunding c’est sympa sur le papier, mais le communisme aussi, et au final entre Staline et Mao on voit bien qu’en réalité…

    Après, je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais comme blogueur je trouve nécessaire de partager cette expérience calamiteuse. Enfin, calamiteuse, ça se discute hein, car à présent on peut tous se créer son propre Massilia à la maison comme des grands. Et paf : http://gusandco.net/2014/01/12/massilia-de-knd-enfin-dispo-ou-presque/

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