Du 24 au 27 octobre 2019, le monde ludique convergeait une fois de plus vers le parc des expositions de Essen, en Allemagne. Cyrus, CargoToaster et Hammer étaient sur place et débriefent le salon pour vos oreilles curieuses de savoir si c’est toujours aussi grand, le SPIEL.
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Le SPIEL en chiffres
Pour leur 37ème édition, les « Internationale Spieltage », plus connus sous le diminutif de SPIEL, ont fait encore plus grand que l’année précédente. Jugez plutôt :
- 86 000 m² de surface d’exposition, répartis en 6 halls, plus la « Galeria ». C’est plus de 8 hectares, et 6000 m² de plus que l’an dernier. La superficie a tout bonnement doublé en 6 ans…
- 209 000 visiteurs en 4 jours. Pour la première fois, les chiffres officiels de fréquentation du salon dépassent la barre symbolique des 200 000 participants (l’année précédente le compteur s’était arrêté à 190 000).
- 1200 exposants venant de 53 pays différents. Une très légère augmentation par rapport à l’édition 2018.
- Une liste de 1500 nouveautés revendiquées par les éditeurs présents sur le salon. Il y a en fait beaucoup de doublons du fait des éditions en différentes langues par des éditeurs distincts, et tous les jeux listés n’étaient pas forcément de vraies nouveautés (première édition en allemand, jeux déjà présentés à la Gen Con aux États-Unis, etc.).
Les nouveautés du salon
Friedhelm Merz Verlag, organisateur du salon, avait mis en place plusieurs nouveautés pour le SPIEL 2019 :
- une soirée « Preview Night » dès le mercredi soir avant l’ouverture officielle, un événement payant à 35€ la place, pour découvrir les nouveautés en plus “petit comité” (~550 places, toutes vendues comme des petits pains, avec une demande au moins 3 fois supérieure). Plusieurs salles étaient mises à disposition de 18h à 1h du matin, avec un programme qui vantait la présence de 65 éditeurs. Mais apparemment ces derniers n’étaient présents qu’au travers de leurs jeux disponibles dans la ludothèque… des retours mitigés de certains bloggeurs allemands qui ont trouvé la note un peu salée.
- Une journée dédiée au jeu et à la pédagogie avec plusieurs mini-conférences, baptisée “Educators’ Day”, le vendredi 25.
- Des “panels” aussi le samedi 26 (5 au total, dont un sur le jeu en Iran, déjà dispo sur Youtube – vidéo en anglais).
- L’opération “Brettspielcake” : les bloggers, youtubeurs et podcasteurs allemands ont fait des gâteaux tous vendus au bénéfice d’une association qui organise des activités périscolaires pour les enfants. Les jeux de la Preview Night ont été vendus sous forme de pochettes surprises au bénéfice de cette même association. Un peu plus de 10 000 € ont pu être récoltés.
- Les organisateurs de la Messe avaient leur propre stream sur Twitch pendant le salon. Des vidéos sont disponibles en replay sur la chaîne Youtube des organisateurs.
- L’entrée Est était de nouveau ouverte après les très longs travaux de modernisation de la Messe. L’accès qui donnait sur le hall 6 (via les halls 7 et 8 complètement vides) a peut-être permis d’avoir un peu moins de foule dans des halls habituellement sur-fréquentés comme les halls 1 et 3.
- Un vestiaire Hall 7 était proposé où on pouvait laisser ses sacs/valises pour 5€ et venir les re-remplir (moyennant 2€ la première fois, puis gratuit), pour les plus accros des acheteurs compulsifs !
Les anecdotes
On vous raconte une petite sélection des choses que nous avons observées, entendues…
- Animateurs fatigués et/ou pas bien formés ? Dès le jour 2, des explications des règles parfois bien trop approximatives, voire fantaisistes… (attention il y a aussi d’excellents animateurs, on vous rassure !)
- Des “Game Toppers” installés par-dessus les tables normales chez AEG et Bombyx : c’est trop haut pour jouer confortablement !
- Les figurines “Obi-Wan Kenobi” pour Star Wars Legion chez Asmodee, en quantité très limitée et qui apparaissent aléatoirement pendant la journée…
- Des tables de jeu (8 vendeurs différents) et des accessoires en-veux-tu-en-voilà (cf. les boîtes ultra luxueuses à 30€ pour les decks de Keyforge)
- Une curiosité : l’éditeur allemand Spika Spiele qui se spécialise dans la ré-édition à l’identique de vieux jeux allemands des années 50-60
- Des vols sur les stands. Malheureusement, comme chaque année et malgré une sécurité renforcée aux dires des organisateurs, quelques stands ont été victimes de bandes organisées attirées par l’argent liquide qui circule en grande quantité sur le salon (Emperor S4 est un des éditeurs touchés).
- Le clou du salon : le traditionnel pot Proxi-Jeux ! On aurait aimé voir plus d’auditeurs… venez discuter avec nous l’an prochain !
Les récompenses
Deux prix ludiques sont remis chaque année au SPIEL :
- Le « innoSPIEL« , qui récompense l’innovation dans un jeu. Detective et Keyforge étaient dans la sélection, mais c’est le troisième jeu nommé qui l’emporte à savoir Ab durch die Mauer, un jeu pour enfants de Jürgen Adams sorti chez Zoch, qui arrivera peut-être en France ?
- Le « Deutscher SPIELEPREIS » est un prix décerné par les votes du public. Cette année c’est Wingspan qui a remporté les suffrages, ou plutôt Flügelschlag, sa version allemande.
- Il y a également un prix du jeu enfant, le « Kinder SPIELEPREIS » qui a été attribué à Concept Kids édité chez Repos Production. Une récompense bien particulière puisque Alain Rivollet, l’un des deux auteurs, nous a malheureusement quittés il y a quelques mois.
Les classements
Sur place, il y a deux classements des jeux qui « buzzent »… avec tout d’abord :
- Le « Geekbuzz » de BoardgameGeek. 897 personnes ont pris le temps de mettre des pouces sur les jeux qui leur ont plu. La clientèle de BGG, friande de jeux généralement assez complexes, a voté pour :
- The Magnificent, Eilif Svensson et Kristian Amundsen Østby, Aporta Games
- Aquatica, Ivan Tuzovsky, Cosmodrome Games
- Trismegistus: The Ultimate Formula, Federico Pierlorenzi, Daniele Tascini, Board&Dice (VF chez Pixie Games)
- Barrage, Tommaso Battista et Simone Luciani, Cranio Creations (VF chez Intrafin)
- It’s a Wonderful World, Frédéric Guérard, La Boite de Jeu
- Bruxelles 1897, Etienne Espreman, Geek Attitude Games
- Cooper Island, Andreas Odendahl, Frosted Games
- Glen More II: Chronicles, Matthias Cramer, Funtails
- Ecos: First Continent, John D. Clair, Alderac Entertainment Group
- Terramara, Acchittocca, Flaminia Brasini, Virginio Gigli, Stefano Luperto et Antonio Tinto, Quined Games
Le classement complet c’est sur le site de BGG.
Mais il y a aussi…
- Le classement « Fairplay », du nom du magazine allemand de jeux de société. La cinquantaine « d’éclaireurs » qui parcourt le salon note les jeux entre 1 et 5. Voici leur classement :
- Die Crew, Thomas Sing, KOSMOS (4,1)
- Crystal Palace, Carsten Lauber, Feuerland Spiele (4,0) (VF chez Super Meeple)
Marco Polo II, Simone Luciani et Daniele Tascini, Hans im Glück (4,0) - Azul: Summer Pavilion, Michael Kiesling, Next Move Games (3,9)
Barrage, Tommaso Battista et Simone Luciani, Cranio Creations (3,9)
Carnival of Monsters, Richard Garfield, AMIGO (3,9)
Res Arcana, Thomas Lehmann, Sandcastle Games (3,9)
TEAM3, Alex Cutler et Matt Fantastic, Brain Games (3,9) - Dinosaur Island, Jonathan Gilmour et Brian Lewis, Pandasaurus Games (3,8)
Kitchen Rush, Vangelis Bagiartakis et Dávid Turczi, Artipia Games (3,8)
Rune Stones, Rüdiger Dorn, Queen Games (3,8) - Cartographers, Jordy Adan, Thunderworks Games (3,7)
Cooper Island, Andreas Odendahl, Frosted Games (3,7)
Terramara, Acchittocca, Flaminia Brasini, Virginio Gigli, Stefano Luperto et Antonio Tinto, Quined Games (3,7) - Palm Island, Jon Mietling, Portal Dragon (3,5)
Les jeux joués
Sur place, la team Proxi-Jeux a joué à des jeux. Si. On vous en présente certains, surtout ceux qui nous ont plu (mais pas que) :
Team3 (Alex Cutler, Matt Fantastic / Abacus Spiele) : original et drôle, un jeu de construction par équipes de trois où chacun a un handicap (ne pas parler, ne pas entendre, ne pas voir…)
Bruxelles 1897 (Étienne Espreman / Geek Attittude Games) : un jeu de cartes qui reprend les canons de son ainé « Bruxelles 1893 » et qui cache une belle complexité et des choix bien intéressants à faire !
Carnival of Monsters (Richard Garfield / Amigo) : un jeu de draft très plaisant à défaut d’être super original, et un parti pris graphique qui se démarque de ce que fait Amigo. On se retrouve en terrain connu mais le jeu a sa personnalité propre.
Oriflamme (Adrien Hesling, Axel Hesling / Studio H) : une ligne de cartes à effets commune à tous les joueurs qui se construit au fur et à mesure, il y a du bluff, du guessing. Un très bon ressenti et l’envie d’y revenir. Un côté « programmation avec une carte », en espérant capitaliser.
Fast Sloths / Faultier (Friedemann Friese / 2F-Spiele et Stronghold Games) : le jeu de course de paresseux qui s’était retrouvé sur beaucoup de listes pré-Essen nous a beaucoup déçus. On joue tout seul dans son coin, le déplacement des paresseux est certes un peu original mais pas très intéressant.
Terramara (Acchittocca, Flaminia Brasini, Virginio Gigli, Stefano Luperto, Antonio Tinto / Quined Games) : un jeu de placement d’ouvriers avec une belle complexité, des actions de plus en plus puissantes au cours de la partie et une astucieuse piste militaire qui permet, ou pas, de répéter une action déjà prise par un autre joueur. Et qui donne la possibilité de piller ses petits camarades, aussi. On se pose la question du ressenti à moins de 4 joueurs.
Turbo G.E.M. (Konstantinos Karagiannis / Desyllas Games) : croisé au détour d’une allée et pour montrer qu’il y a de tout à Essen, ce jeu nous a semblé être un bon exemple d’une idée originale mal implémentée, avec son dispositif pour souffler sur les petits vaisseaux pour les faire avancer…
Die Crew: Reist gemeinsam zum 9. Planeten (Thomas Sing / KOSMOS) : un jeu de pli coopératif avec des missions (contraintes) de plus en plus difficiles, incluses dans un arc narratif complètement artificiel évidemment. Notre pépite du salon, le jeu qui nous a fait nous demander « mais pourquoi personne n’y avait pensé avant ?! ». Iello serait sur le coup pour nous proposer une VF en 2020.
Grizzly (Stefan Kloß, Anna Oppolzer / Amigo) : un jeu qui cible les enfants mais avec lequel les parents peuvent s’amuser aussi. Le gimmick mécanique de la cascade aux saumons est très bien implémenté, des parties rapides et drôles où on peut s’amuser à bloquer les ours des autres !
Nova Luna (Uwe Rosenberg avec une idée de Corné van Morseel / Spielwiese) : froid mais efficace, un jeu abstrait qui reprend la mécanique de prise de tuiles de « Patchwork » et les tuiles à objectifs de « Habitats ». Si ce jeu de course manque sans doute d’un peu d’interaction à 4, il bénéficie d’une belle édition et offre un chouette puzzle à résoudre à chacun des participants.
Alice in Wordland (Chris Darsaklis, Spyros Koronis / Drawlab Entertainment) : sur le principe de la patate chaude, un jeu où il faut trouver des mots en respectant des contraintes. Ça ne nous a pas enthousiasmé…
Rune Stones (Rüdiger Dorn / Queen Games) : comme souvent chez Queen Games, un jeu solide avec plusieurs mécaniques bien assemblées, une possibilité de spécialiser son jeu et des variations sur des mécaniques connues bien trouvées. Ça devrait rapidement être distribué en France.
It’s A Wonderful World (Frédéric Guérard / La boîte de jeu) : un jeu de draft en 4 tours dont le format rappelle 7 Wonders mais dont les enjeux sont bien différents car il y a construction d’un moteur de ressources couplé au fait que les dites ressources sont toujours produites dans un ordre fixe, ce qui oblige à construire les cartes dans un ordre donné pour être efficace, même s’il faut savoir faire preuve d’opportunisme puisque c’est un draft. Un côté “casse-tête” qui a bien plu, avec des cartes à combiner pour la production de ressources ou les points de victoires.
Tricks and the Phantom (Takashi Saito / Oink Games) : certes il n’est pas nouveau, mais Oink Games a cet avantage de pouvoir présenter toute sa gamme sur les salons vu le format très réduit de leurs boîtes. Un jeu de déduction avec des cartes à effets, très rapide et un bon représentant du genre. Un bon moment ludique.
J’aime bien ces debriefs et le son n’est pas si mauvais que cela. En tout cas cela ne m’a pas géné.
Ca va pour le son c’est pas la cata. Merci pour le panorama ludique !
J’avoue le son je n’y aurai pas fait attention si vous nous aviez pas prévenu
Sinon merci beaucoup pour ce chouette debrief. Plusieurs jeux ont l’air d’avoir fait l’unanimité et ça donne très envi de les découvrir !
Salut,
Et bien merci, j’ai remis 4 jeux dans ma liste d’envies chez Philibert. De quoi bien surveiller les retours, vidéos d’explication – voire un Jeux du Mois – pour décider ce qui rejoindra l’étagère du bonheur !
Salut à tous les trois, merci pour le debrief, format très sympa et le billet est super détaillé ! Beau boulot.
Il me semble qu’il manque une partie de Minecraft, non ? Je me rappelle que @cyrus_j2s en a fait une partie « qui lui a pété les yeux » mais j’en aurais bien appris un peu plus car ça semblait lui avoir bien plu.
À +
Bonjour Cat,
merci de ton retour sur notre débrief. Nous avons joué à 35 jeux pendant ces 4 jours, il n’était pas envisageable de parler de tous sans faire une émission interminable, et nous souhaitions justement faire plus court qu’à l’accoutumée. Nous avons donc choisi, de manière collégiale, ceux qui méritaient qu’on en parle pour une raison ou une autre — et pas toujours en bien comme tu as pu l’entendre. En ce qui concerne le jeu « Minecraft » sorti chez Ravensburger, j’avais un a priori assez négatif à cause de la licence mais l’auteur a finalement su en faire un jeu intéressant en reprenant certains des canons du jeu vidéo, pour autant que je puisse en juger. Après, aucun de nous trois n’a jugé que ça valait le coup d’en parler plus en détails…
Merci beaucoup pour ce débrief qui m’a permis de faire une liste de futurs achats.
Bonjour à tous,
Son finalement de bonne qualité, et bien meilleur que certains de vos récents podcasts.
Emission conviviale et sympathique comme on les aime. Il y avait de tous : l’ambiance du salon, des anecdotes, des jeux pour les petits et les grands. Très bonne émission au final.
Merci pour ce debrief.
Je trouve aussi le son de Hammer tout à fait correct.
J’ai explosé de rire sur la petit tacle de Cyrus sur « Azul 3 » : oui oui je suis bien d’accord, moi aussi on ne me la fait pas.
Bien qu’ayant beaucoup apprécié Azul (on y joue pas mal chez nous), je ne suis pas super emballé par des déclinaisons successives et ce quelque soit le jeu (Codenames…). Bientôt « Azul 4 le retour du jedi »
D’ailleurs je serai curieux de connaître les chiffres de ventes des successeurs. 700 000 pour Azul la 1ere année si je ne dis pas de bêtises…
Turbo GEM m’a directement fait pensé à « A l’abordage » d’Haba, Kinderspiel 2006, donc le concept a marché à une époque.
Bonjour Matthias,
Eh mais tout à fait, je ne connaissais pas ce Haba, mais du coup je vais m’empresser de me renseigner auprès de ma ludothèque de quartier pour savoir si ils l’ont et pouvoir me faire un avis comparatif.
Merci beaucoup pour cette information !
Cyrus