Dans cette nouvelle émission des Jeux du mois, ce sont Polgara et Le Pionfesseur qui devisent sur deux jeux de société récents qu’ils ont appréciés.
Polgara patrouille en Satrapi et retape son fortin en jouant à Oltréé.
Le Pionfesseur explore sa bibliothèque avec Nouvelles ContRées.
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Crédits du générique
Titre : Skyhawk Beach
Artiste : Blue Wave Theory
Licence : CC BY-SA 4.0
01:49:01 - Télécharger le fichier mp3
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Commentaires
Le mois dernier ce sont Living forest et Stella qui étaient présentés par Flavien et Cyrus.
Oltréé
Fiche signalétique
- Auteur : Antoine Bauza et John Grümph
- Illustrateur : Vincent Dutrait
- Éditeur : Studio H
- Distributeur : Gigamic
- Nombre de joueur·se·s : 2 à 4
- Âge minimum : 8ans
- Durée de partie : 60 à 120 min
- Fabriqué en Chine
Le principe du jeu
Les joueuses incarnent des patrouilleuses arpentant la Satrapie pour protéger les communautés et rebâtir le fortin qui leur sert de quartier général. Agissant de façon coopérative, elles devront mettre à profit leur métier et leur talent pour surmonter des péripéties, régler des problèmes et vivre les chroniques qui se déroulent dans cet univers issu du jeu de rôle éponyme créé par John Grümph et édité par John Doe, auquel Antoine Bauza a donné vie dans ce jeu de plateau.
Les principales règles
A son tour, chaque joueuse peut effectuer deux actions possibles. Elle pourra alors choisir de construire un bâtiment au fortin (qui attribuera un bonus au groupe), se déplacer, solliciter l’aide des communautés (collecter des ressources ou des avantages), vivre une péripétie ou régler un problème, généralement en faisant appel à leur métier matérialisé par un jet de dés.
Mais avant d’effectuer ses actions, chaque patrouilleuse doit faire s’écouler le temps qui passe et révéler de nouvelles péripéties de nouveaux problèmes ou événements, ou encore faire progresser la chronique qui constitue la grande histoire de la partie.
En résumé
Oltrée est un jeu qui se distingue non par ses mécaniques classiques mais par l’univers qu’il propose et l’ambiance qu’il parvient à créer. Entre mélancolie et rugosité, Oltrée plonge les joueuses dans un monde presque réaliste où des missions simples attendent les patrouilleurs pour contribuer à recréer une vie collective sans forcément vivre des aventures épiques. Le jeu est envoûtant, les scénarios inattendus, et il constitue une parfaite première initiation au jeu coopératif pour des joueuses novices.
Quelques sources sur Oltrée le jeu de rôle
Et sur son auteur
- Sur le site de John Grümph
Nouvelles ContRées
Fiche signalétique
- Auteur : Germain Winzenschtark
- Illustrateur·ice·s : Jeanne Landart
- Éditeur : Olibrius Editions
- Distributeur : Novalis
- Nombre de joueur·se·s : 2 à 6
- Âge minimum : 10 ans
- Durée de partie : 60 min
- Fabriqué en France
Le principe du jeu
On se balade dans un livre. Genre, un vrai livre de la vraie vie que vous avez pris dans votre bibliothèque.
C’est un jeu asymétrique coopératif de communication à la manière d’un Mysterium.
Les principales règles
À chaque tour, une personne sera « éclaireur » et devra lire dans sa tête un passage du livre. Il doit choisir ensuite 1 image parmi 4 que lui évoque ce passage.
Il lit ensuite le passage en question à voix haute et les autres joueurs devront essayer de retrouver l’image à laquelle a pensé l’éclaireur.
Mais en même temps, ils devront également réaliser des missions qui les forceront à se concentrer également sur la forme du texte et pas seulement le fond.
En résumé
C’est un concept super cool bien gâché par des idées de conception pétées. Cela donne envie d’y jouer mais avec tout un tas de bricolages et de variantes pour corriger tous les problèmes.
Olibrius Editions n’ont pas réussi à se concentrer sur ce qui fonctionnait bien dans le jeu : le fait qu’il soit une promenade sur deux dimensions, sur les phrases et dans leur histoire.
Le jeu est disponible à La Caverne du Gobelin !
Merci pour cette émission.
Je fais un petit retour sur Nouvelles ContRées. Je n’ai pas l’impression, mais je me trompe peut-être que vous ayez précisé que le passage lu doit être strictement les 6 premières lignes (et non phrase) de la page de droite. C’est un élément qui m’a beaucoup plu car beaucoup de passage lu reste déconnecté du reste de la narration et apporte d’avantage de force à la déduction strict.
C’est d’ailleurs un autre pion qui me semble très important dans le jeu : le choix de l’image ne doit correspondre qu’au passage du texte lu. Et non pas au livre ou a la connaissance qu’on les joueurs sur le livre ou l’univers. C’est pas forcement simple au début de le faire comprendre mais quand tout le monde joue avec cette règle, le choix de l’image est souvent plus facile.
Je reviens également sur le fameux sens caché du livre. Il faut préciser un élément fort : les joueurs gardes les images qu’ils ont réussi à trouvé tout au long du jeu. Si ils gagnent alors ils doivent choisir l’illustration qui se rapproche ,selon eux, le plus du titre du livre. C’est là que je trouve le pionfesseur un peu dur… on critique souvent les jeux à « points » comme étant trop brut dans leurs finalités : le plus de point remporte la victoire. 2h de tension pour passer 5min à compter et dire : « voila, c’est bidule qui a gagné ». Il n’y a pas souvent ce côté climax, cette tension qui reste jusqu’à la fin (sauf pour des jeux sans décompte de point).
Ici ils ont trouvé une façon très maline de garder ce climax jusqu’à la dernier seconde du jeu. Et bien que cela puisse être aléatoire, le résultat en est pourtant très poétique.
Je vous laisse d’ailleurs quelques sens cachés de partie réalisés :
La nuit des temps, de Barjavel – « L’image fit un tête-à-queue et recommença son discours »
Le passeur, de Lois Lowry – « Moi, dit Jonas d’un ton abattu »
Harry Potter à l’école des sorciers, de J.K Rowling – « Ils se penchèrent tous les trois sur la lettre et la lurent en même temps : Cher Ron, comment vas-tu ? »
Le Seigneur des Anneaux III Le retour du Roi », de J.R.R Tolkien – « Il resta immobile »
Super émission, comme d’habitude.
En ce qui concerne Oltrée et vos commentaires au sujet de sa représentativité, et de son inclusivité, notamment avec la parité héros/héroïnes (et pas en tenue légère !), je vous conseille d’écouter le dernier podcast (et tous les autres aussi) « Vénus s’épilait-elle » https://www.venuslepodcast.com/ sur « Les sacrifiées du romantisme », par Julie Beauzac, que j’ai écouté juste avant votre émission ! J’ai été surprise par le fait que par moment votre chronique sur Oltrée et le podcast sur l’histoire de l’art se répondaient !
Cet épisode aborde la question de la représentation des femmes, et notamment des « héroines » par le mouvement romantique au début du 19e siècle. Je cite l’intro de l’épisode : » on trouve une flopée de personnages féminins, qui se ressemblent étonnamment beaucoup. Qu’il s’agisse de personnages historiques, mythologiques ou romanesques, ces « héroïnes » ont souvent des destins tragiques, et les œuvres qui les mettent en scène ont contribué à créer une sorte d’archétype de femme sacrifiée, victime, passive et vulnérable. En parallèle, le mouvement romantique a largement effacé de l’histoire visuelle les contemporaines militantes, politiques ou journalistes, qui ne correspondaient pas à ce stéréotype. » Ce qui ne semble pas être le cas d’Oltrée, heureusement.
Cet épisode de Venus évoque aussi à l’importance de l’amour dans les oeuvres du mouvement romantique, et dans la vie selon les artistes de ce mouvement, alors que justement dans Oltrée vous remarquiez que le jeu se démarquait des autres aussi par le fait qu’il soit un des seuls jeux à mentionner les histoires d’amour.
J’en profite pour citer the Pursuit of happiness (la quête du bonheur), qui est un « héritier » de Destins, et qui accorde une certaine place aux relations amoureuses. Il donne la possibilité de se choisir un(e) partenaire et de créer un couple hétéro ou non puisque chaque carte partenaire est recto-verso : pour les mêmes caractéristiques, chaque joueuse peut choisir si ce sera un ou une partenaire, et pourra faire évoluer la relation d’un premier rendez-vous à la relation sérieuse en s’investissant dans cette relation (dépenser des ressources, et en recevoir). Il est aussi possible d’avoir deux partenaires (ou plus) en même temps, ou de rompre et de remplacer un(e) partenaire par un(e) autre, mais cela causera du stress supplémentaire qui contraindra beaucoup la joueuse.
Ayant backé la dernière extension sur KS (pas encore reçue), je peux aussi noter que ce jeu cherche également à être encore plus inclusif possible et respectueux des diversités : des personnes avec handicap, ou trans feront leur apparition dans cette extension, tout comme des cartes présentant des événements religieux très variés.
Tout comme pour Oltrée, il me semble que ce jeu cherche véritablement à plus de diversité, et non seulement à en avoir l’air. Je salue la démarche de ces jeux qui participeront à leur manière à une meilleure acceptation des différences. Je cite à nouveau l’autre podcast : « Suzanne Voilcain est une saint simonienne à l’époque, très consciente du poids des représentations théâtrales, du poids des représentations dans la poésie, dans les romans, dans les chansons. Et elle regrette que les femmes soient toujours ignorées ou caricaturées. Et donc elle va demander expressément à un très célèbre chansonnier de l’époque qui s’appelle Béranger, à l’époque très, très connu, de remédier à cette situation et de mettre plus de femmes importantes dans ses chansons. C’est dire que quand même, à l’époque, il y avait des femmes qui conscientisaient le fait que dans les représentations, il y avait quand même des absences, et des absences qui étaient extrêmement dommageables. » Bref, chaque acte a son importance.
Merci aux auteurs, autrices, éditeurs, éditrices, chroniqueurs et chroniqueuses (et surtout dans proxi-jeux) qui s’engagent dans une démarche de représentativité et d’inclusivité et s’éloignent des stéréotypes.
Bonjour Leslie
Merci beaucoup pour ce retour. Je vais aller écouter cet épisode de Vénus s’épilait-elle au plus vite.
Pour tout te dire, je n’ai commencé à vraiment m’intéresser à ces questions d’inclusivité que depuis que j’évolue dans le monde du jeu. J’ai été surprise que, dans cet univers qui est dédié à un loisir, avec, a priori, peu d’enjeux de pouvoir, les questions liées au féminisme suscitent parfois des réactions épidermiques. Comme quoi les enjeux symboliques sont probablement encore plus importants que les enjeux économiques. Ce qui justifie d’autant que l’on se batte pour changer les représentations, qui passent notamment par le langage.
Ton commentaire me va donc droit au coeur. J’espère toujours que parler de ces sujets, faire la promotion de l’inclusivité, essayer de faire de la pédagogie, etc permet d’une manière ou d’une autre de progresser.
Je partage complétement ton point de vue sur l’importance des représentations véhiculées par le langage. Un exemple frappant me vient en tête : beaucoup d’élèves de primaire m’ont déjà demandé s’il existait aussi des « femmes » préhistoriques et des enfants « préhistoriques », ce qui illustre bien qu’un terme sensé être générique et « inclusif » ne les pas forcément aux yeux de tous. A propos de cette période, j’ai eu une sorte de révélation l’année dernière quand j’ai découvert qu’il y avait aussi des femmes préhistoriques peintres (prouvé par la taille des mains) et des guerrières, mais que l’histoire (et surtout les clichés) ayant été écrite par des hommes, au début du XXe siècle, ils étaient peu concernés par le rôle des femmes à cette époque et n’ont fait que calquer ce qu’ils connaissaient.(source : https://information.tv5monde.com/terriennes/le-role-des-femmes-la-prehistoire-chasseuses-peintres-guerrieres-382233). Jamais je ne m’étais posée la question, peut-être parce qu’en plus du terme « homme préhistorique », c’est presque toujours des hommes qui sont dessinés, sauf bien sûr quand il y a un repas à préparer ou des enfants !
Et je suis moi aussi sidérée des réaction véhémente de certains qui trouvent cela inadmissible qu’il y ait plus d’inclusivité, que ce soit dans l’écriture des règles ou dans le choix de personnages et de leur représentation.
Et au sujet du podcast de Venus, même si on s’éloigne du sujet de départ qui est Oltrée, je te recommande aussi celui sur Picasso, et tous les autres en fait 🙂 !
Pour ajouter de l’eau au moulin, il existe aussi un biais inconscient même pour les expressions neutres (« gens », « personnes »,..). Il y a récemment eu une étude (en anglais) là-dessus (https://www.sciencedaily.com/releases/2022/04/220401141337.htm).
Merci pour le podcast, et hâte d’essayer Les nouvelles contrées avec un livre de maths 😀
Bonjour à toutes et à tous,
Bravo une nouvelle fois pour la qualité de vos émissions ! Que l’on ait déjà joué ou non aux jeux du mois, le format est intéressant : soit on découvre des jeux notables de l’année ludique, soit on écoute vos retours et analyses sur un jeu que l’on connait déjà, mais dans tous les cas c’est un format simple, pertinent, drôle et pointu. Je ne commente pas à chaque fois, car je dirais la même chose !
Comme Polgara a eu la bonté d’évoquer les petites vidéos en stop-motion que j’ai réalisées sur Oltréé, j’en profite pour répondre à son interrogation : c’est en effet Studio H qui m’a proposé de réalisé des petits trailers promotionnels sur Oltréé. Je pense que le stop-motion est parfaitement adapté pour mettre en valeur un jeu de société et son matériel. Pas pour expliquer les règles, mais pour plonger dans l’ambiance du jeu et donner envie d’en savoir plus. Le côté artisanal et l’utilisation du matériel du jeu change un peu des trailers habituels. Je me suis bien amusé à faire ces petites vidéos, sans prétention, et pour répondre à la question de Polgara, Studio H m’a bien entendu rémunéré pour ce travail (car c’en est un !).
Bonne continuation de votre côté, OLTREE !!
Bonjour JB
Merci beaucoup pour tes précisions concernant les vidéos que tu as faites sur Oltréé. Le résultat est vraiment génial et comme tu le dis ça permet de capter l’ambiance créée par le jeu. Encore bravo pour ce super boulot !
A bientôt
PS : à la maison les enfants me demandent régulièrement de leur repasser tes différents vidéos 😉 donc continue !
Salut les patrouilleurs lecteurs,
Oltréé est magnifique !
J’ai offert Nouvelles Contrées à une personne qui est dans le milieu du livre et peu joueuse, elle a beaucoup aimé l’alliance des univers.
Par contre, avec son mari, le flop a été retentissant, il s’est ennuyé du début à la fin.
Et c’est vrai que même si je suis joueur, expliquer et bien gérer les manipulations des marques pages dans le livre, sans abimer ni l’un, ni l’autre, n’est pas si simple : c’est le campement qui avance ou qui recule, ou le marque page courant, etc.
L’idée est tellement originale, dommage que ce soit un peu terni par les règles alambiquées et les manipulations biscornues !
A+
Bonjour à toutes et tous
J’écoute avec attention vos présentations/analyses de jeux, car elles ne sont pas qu’une suite sans fin de qualificatifs tous plus dithyrambiques les uns que les autres (toute allusion à des chaîne YT n’est pas que fortuite).
« Nouvelles Cont(r)ées » n’avait fait de l’oeil mais après vous avoir écouté, il n’est pas fait pour nous. Et il n’est aussi novateur que la hype l’a présenté.
Pour Oltréé, je connais un peu le JDR, et j’étais dubitatif sur son adaptation en plateau. D’autant plus que l’illustration de couverture est splendide et que j’ai appris à ne plus céder aux tentations de l’emballage. Là encore, votre analyse détaillée (et fort heureusement subjective) renverse la balance et je l’ai inscrit dans ma liste de souhait.